Nous sommes en 2017 et certains pensent encore qu’un coureur cycliste professionnel peut être assez con pour utiliser sous les yeux du monde entier un vélo à moteur.
Le dopage mécanique est vieux comme le monde : environ 3500 ans avant JC (Jésus Christ, pas JC Péraud) en Basse Mésopotamie, les mecs du monde sumérien en avaient plein le cul de charrier à bout de bras des trucs lourds, alors ils ont inventé la roue. De quoi leur donner un véritable avantage technologique sur les autres civilisations qui s’amusaient encore à faire des push-up avec les machins qu’ils voulaient trimballer.
Plus proche de nous en 1904 lors du second Tour de France de l’histoire, Pierre Chevalier eut l’idée de monter dans une voiture dès la première étape pour se la couler douce entre Montgeron et Lyon (la longueur des étapes ne faisait pas rire les mouettes à l’époque). D’autres vilains exemples de ce genre entachent l’histoire de la Grande Boucle, où des coureurs allèrent jusqu’à prendre le train en pleine course pour gratter du temps. En voilà du beau dopage mécanique !
Plus subtils et légaux, nous avons d’autres exemples qui ne sont pas pour autant de la triche avérée. Comme le guidon de triathlète de Greg Lemond utilisé en 1989, lui conférant un véritable avantage par rapport à la machine classique de Laurent Fignon. Bref, les aides technologiques ont toujours existé, tolérées ou non, subtiles ou grosses comme Carlos Betancur en début de saison. Mais ça, c’était avant.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où savoir ce qu’a mangé Nabilla au petit-déj’ et à quelle heure elle est allée aux toilettes est possible grâce à Internet et plus précisément grâce à l’usage des réseaux sociaux. Rien n’échappe à l’oeil de l’internaute qui n’a rien d’autre à foutre que glander devant son écran en scrutant le moindre fait autant qu’il le souhaite, niché au coeur d’une surabondance d’informations. Tout est accessible, tout se voit, tout se sait : surtout dans le monde du sport où une multitude de caméras sont braquées sur les moindres faits et gestes de ses acteurs. Rien ne peut nous échapper. Du journaliste d’investigation jusqu’au premier twitto avachi sur son canapé, nous sommes tous des Big Brothers. La preuve : une vidéo amateure de coureurs accrochés à leur voiture de directeur sportif dimanche lors de la Vuelta leur a valu une exclusion. Il est devenu tellement facile de se faire griller !
Si les moteurs dans les vélos ont peut-être probablement déjà existé (et été utilisés ?) dans un passé pas si lointain, il faudrait être complètement débile pour oser s’en servir de nos jours. L’omniprésente suspicion, la peur des contrôles (efficaces ou non, c’est un autre sujet) et le « tout-se-sait » de l’ère 2.0 sont autant de raisons à même de dissuader les tricheurs. Quitte à se doper, autant le faire de manière sale et invisible : scientifiquement et à l’intérieur de son corps, à l’ancienne, non ? Pourquoi prendre le risque d’être « mécaniquement » attrapé par la patrouille ? Un moteur dans le vélo serait trop gros. Non ? Ou sommes-nous trop candides ?
Rassurez-nous.