Parce qu’il arrivera un temps où aller chercher des Top 10 le dimanche en Pass’Cyclisme ne vous intéressera plus, vous songerez sérieusement à vous ré-orienter vers le triathlon. Et ce, pour trois raisons.
1. Pour varier les plaisirs
Faire du vélo et uniquement du vélo, c’est bien. Mais une petite lassitude peut altérer la passion du cycliste, qui à force de bouffer des bornes trois-quatre fois par semaine pour taper au sprint un quinquagénaire le dimanche au Grand Prix de Confranchette, peut sentir ses efforts vains et manquant cruellement de sauce Tabasco. Avec le triathlon, vous ne délaisserez pas pour autant votre valeureux compagnon d’entrainement à deux roues, puisque celui-ci reste un élément-clé du triple effort. Vous vous ouvrirez alors à d’autres disciplines tout aussi exigeantes et fascinantes à découvrir : la natation et la course à pied. Ainsi, vous ré-organiserez en conséquence vos semaines et vos plannings d’entrainement et découvrirez le plaisir d’aller nager un mardi soir à la piscine municipale et la satisfaction, au fil des semaines, de remplacer votre brasse coulée de mamie par un crawl agressif digne d’Alain Bernard (les muscles mutants en moins). Le menu est à la carte : une heure à la piscine deux-trois soirs par semaine (sauf le mercredi quand y’a Top Chef, parce que vous aimez beaucoup trop voir Philippe Etchebest gueuler sur un mec qui a raté une tourte aux poireaux), une heure de running en rentrant du boulot quand votre boss vous casse les noyaux et que vous avez besoin d’extérioriser, ou encore une ou deux sorties de vélo plus courtes et intenses qu’à l’accoutumée… C’est vous le chef ! Et vous redécouvrez finalement ce que vous pensiez connaitre de l’effort physique. Mais dites donc, est-ce que vous ne commenceriez pas à (re)prendre du plaisir à vous entrainer ?
2. Pour le défi physique
Natation et course à pied : une fois passée la phase de (re)découverte de ces sports « de base » que pratiquait l’homme de Cro-Magnon pour aller buter du mammouth, vous aller vous sentir transcendé par l’effort recherché. Il n’y a pas de déchaînements plus naturels que ceux de courir comme un dératé et d’éviter de se noyer au fond d’un lac profond peuplé de tanches et de gardons. Ainsi comme le prône le poète contemporain Orelsan, vous revenez aux choses simples et basiques. Le travail physique aidé par la machine vélocipédique prend alors moins d’importance puisqu’au triathlon vous êtes « nu » dans l’effort pendant les deux tiers de la course. Et c’est une sensation agréable de se séparer de la machine pour revenir à la sueur que vous ne devez qu’à vos jambes et vos bras dénués d’assistance technologique (ne prenez toutefois pas le « nu dans l’effort » au pied de la lettre : on pourrait vous enfermer pour exhibitionnisme).
3. Parce que le résultat, on s’en fout (au début)
Votre premier triathlon sera probablement un calvaire, puisque vous n’aurez pas encore investi dans une combinaison tri-fonction et surtout parce que votre corps habitué à la « linéarité » du cyclisme ne sera pas totalement prêt à encaisser trois changements d’effort en un si court laps de temps (en mode compétition qui plus est). Votre sortie de l’eau sera certainement misérable, mais moins encore que le combat contre votre combinaison Tribord (achetée 29,90€ la veille) durant lequel vous perdrez cinq minutes à l’enlever pour enfiler un cuissard moulant, encore trempé par les eaux froides du lac. Une fois la transition opérée, la partie cycliste sera vécue comme une renaissance mais vous découvrirez rapidement que vos bras et vos jambes tétanisés par un crawl médiocre seront mous comme de la guimauve et qu’ils ne vous permettront pas d’offrir le maximum de votre puissance sur la bicyclette. N’est pas Tony Martin qui veut. Vous vous épuisez car vous savez que vous êtes sur votre point fort, puis vous posez votre vélo, lessivé. Avant de réaliser qu’il vous reste 5 ou 10 bornes à courir à pied. La violence à l’état pur. Vous finissez tant bien que mal, cramé comme une chipo oubliée un soir d’été et vous vous étendez au sol les bras en croix. Vous pensez alors que mourir serait moins douloureux mais il en ressort paradoxalement un sentiment unique : vous n’avez jamais été aussi heureux !
Évidemment, nous ne vous encourageons pas à délaisser unilatéralement le cyclisme pour le triathlon. Rien ne vous empêche de compiler les deux ! Nous vous conseillons seulement d’aller voir ailleurs de temps en temps, de tester autre chose sans pour autant renier votre bicyclette et d’aller chercher cette fierté unique qu’est celle de finir cette compilation des trois sports les plus durs du monde. Une fierté peut-être plus grisante qu’aller chercher la douzième place d’une coursette de village au sommet d’un pont d’autoroute.
Nous ne disons toutefois pas que le triathlon est « mieux » que le cyclisme, il est juste différent. Car il y a dans ce sport une notion d’aboutissement que le cyclisme ne permet pas (ou plus) de connaitre à ses fervents initiés, puisqu’on sait finalement tous faire du vélo. Mais tout le monde ne sait pas faire du triathlon.
Alors, chiche ?
NB : Ne prenez pas les consignes d’entrainement citées plus haut au pied de la lettre, car elles restent caricaturales. Le mieux est de vous entourer d’un ami spécialiste du triathlon ou de prendre une licence en club pour avoir un plan d’entrainement correct. Et puis, avec la licence, la combinaison tri-fonction est offerte 😉 Et qui sait, peut-être qu’un jour vous deviendrez le nouveau Vincent Luis !