Quand plus jeune, j’ai appris que le sponsor-titre de l’équipe Polti de mon vénéré Richard vendait des aspirateurs, mon monde s’écroula. Il pouvait toujours aller claquer son étape du Tour à Morzine en faisant bouffer des barrières à Heras, Virenque n’était désormais à mes yeux plus qu’un VRP de luxe pour une marque de ménagères. Voici donc un petit tour d’horizon des sponsors un peu marrants de l’histoire récente du cyclisme, juste pour remettre l’église au centre du village et vous faire prendre conscience que le maillot US Postal que vous portez depuis 2002 n’est jamais que l’équivalent d’une tenue de facteur.

On va commencer par les plus ironiques de tous :

SAUNIER-DUVAL : entreprise spécialisée dans la vente de… chaudières. Avec Ricco, Piepoli et consorts, ça colle. Le coup marketing parfait.

GEROLSTEINER : leader allemand des eaux minérales, qui a donc fait courir Bernhard Kohl ou encore Stefan Schumacher à tout sauf à l’eau claire.

Côté franchouillard, c’est pas mal aussi :

RAGT SEMENCES : Eddy Seigneur, Gilles Bouvard et Frédéric Finot ont défendu les couleurs d’un semencier européen des grandes cultures et d’élevage de blé tendre d’hiver, de blé dur, de maïs grain, de colza, de tournesol, de soja, de sorgho ainsi que de maïs fourrage. Voilà.

JEAN DELATOUR : aïeule des boys-semenciers, la mythique team de Laurent Brochard, Patrice Halgand et Sam Dumoulin n’était autre qu’une marque de bijouterie, créée à Vénissieux par un mec s’appelant… Jean-Pierre Frety. Choqué et déçu.

BONJOUR : l’équipe où ont débuté Sylvain Chavanel et Thomas Voeckler n’était pas seulement là pour vous souhaiter une bonne journée, mais pour vous recenser des petites annonces.

Des équipes avec des noms qui claquent, il y en a eu. Mais quelles marques se cachent réellement derrière ces appellations ?

ONCE : on n’avait jamais trop compris pourquoi le bonhomme du logo de l’équipe de Jaja se promenait avec une canne, jusqu’à ce qu’on apprenne que la ONCE était l’Organisation nationale des aveugles espagnols. Bien vu.

CSC : l’autre équipe de Jaja fut sponsorisée par une société de services en ingénierie informatique. CSC veut dire « Computer Sciences Corporation » et c’est hyper-austère comme nom.

LIBERTY SEGUROS : avec son logo de Statue de la Liberté qui envoyait du pâté, on pouvait imaginer que l’équipe qui a bercé Alberto Contador vendait des voyages stylés outre-Atlantique. Raté : ce n’est jamais qu’un groupe d’assurance. Nul.

BANESTO : c’est une banque, ni plus ni moins. Décevant, puisqu’avec un nom pareil on s’attendait à ce que Banesto vende des baguettes de pain pré-cuit ou un truc du genre.

RADIOSHACK : après avoir défendu les couleurs de la Poste américaine et d’une chaine de TV diffusant des reportages avec des voix-off badass, Lance Armstrong s’est paré des couleurs d’une entreprise américaine de vente de produits et de composants électroniques. Parce que pourquoi pas.

MILRAM : le joli maillot bleu qu’ont porté Erik Zabel ou encore Alessandro Petacchi vantait les mérites d’une marque de produits laitiers allemands. Et depuis, ils sont nos amis pour la vie.

LAMPRE : très très décevant de découvrir que le mythique Lampre rose et bleu qui a orné le peloton tant d’années n’est autre qu’un fabricant de tôles et de revêtement en acier. Enfin des trucs du genre, on n’a pas trop compris… Bref, c’est nul.

MAPEI : on connait peut-être plus le design de son maillot conçu sous LSD que l’activité de la marque elle-même. Sachez donc que MAPEI est un producteur mondial d’adhésifs, de couches minces et de produits d’étanchéité. Pas très glamour pour une équipe qui a vu les plus grands en voir de toutes les couleurs en son sein.

LIQUIGAS : Peter Sagan a défendu les couleurs d’une marque vendant du gaz. Y’a pas de chute, faites ce que vous voulez de cette info.

FASSA BORTOLO : « l’offre s’étend des mortiers aux enduits pré-mélangés, en passant par les peintures et produits pour la pose jusqu’au solutions pour l’assainissement » nous dit-on sur leur site. Avec un nom pareil, on imaginait mieux.

ORICA : ils avaient beau nous sortir des goodies en forme de guitare et se la jouer surfeurs à la cool… Orica fabrique des produits chimiques et des coureurs australiens. Et puis c’est tout.

Et en 2020, ça donne quoi les sponsors ?

DECEUNINCK : le futur Eddy Merckx et Julian Alaphilippe portent les couleurs d’une entreprise qui vend des portes et fenêtres en PVC durable (ajoutons à cela les fameux parquets vitrifiés Quick Step et on obtient le parfait sponsoring pour refaire la chambre du petit dernier).

SUNWEB : des séjours tout compris au ski et au soleil. Comprenez donc que Michael Matthews doit avoir quelques bons plans pour aller faire des 360 au ski sans lâcher un centime.  

BORA-HANSGROHE : si vous n’avez pas Eurosport et que vous n’avez pas été martelés de pubs pour « Boooora », vous ignorerez peut-être que l’équipe de Peter Sagan vend des « apsirations par le bas ». C’est à dire gross-modo un système de hotte de cuisine qui aspire la fumée de votre steak cramé vers le bas, et pas vers le haut. Révolutionnaire. Hansgrohe, de son côté fabrique des trucs pour la robinetterie, la douche et les chiottes. Mais haut de gamme, donc ça passe. 

MITCHELTON-SCOTT : l’équipe australienne est sponsorisée par Mitchelton, et d’après ce qu’on a pu comprendre de leur site web, ils vendent du vin et des séjours dégustation dans un vignoble australien. En France, le nom d’équipe équivalent serait donc un truc du genre « Beaujolais-Lapierre ». 

JUMBO-VISMA : Wout Van Aert défend les couleurs d’une chaine de supermarchés néerlandais (Jumbo) et d’un « leading European supplier of business-critical software » (Visma). Drôle de mariage.

CCC : attention, ceinture conseillée. CCC, cette équipe orange qui claque et qui abrite le talent de Greg Van Avermaet n’est autre qu’une marque de chaussures polonaise. À deux doigts d’être mise a pied pour un tel manque de respect (lol).