Il y a un Wout Van Aert qui sommeille en vous. Du moins c’est ce que vous croyez, mais vous n’osez pas franchir le pas du cyclo-cross par crainte de ressembler davantage à un lombric pataugeant dans la boue qu’à Mathieu Van der Poel triomphant des planches et des bancs de sable. Voici donc nos conseils avisés pour finir de vous convaincre qu’au vélo, il n’y a pas que le bitume et des pneus de 23mm.

1) Parce que le cyclo-cross est adapté à la pratique hivernale

En compétition, l’effort « cyclo-cross » est court, à savoir une heure maximum. Juste ce qu’il faut pour ne pas avoir le temps de se geler les miches et ainsi éviter de voir des gouttes perler de son nez comme un robinet qui fuit dans un film d’horreur. L’intensité d’une course explosive et semée d’embûches est le meilleur des chauffages naturels, et vous le découvrirez vite quand vous aurez à franchir des escaliers avec votre vélo sur le dos, avant d’enchainer sur des sauts de planches et des dévers herbeux. Puisque la course est succincte, vous pourrez ainsi vous permettre de raccourcir vos entrainements de la semaine. Inutile de vous coller quatre heures sur route dans le vent glacé (eu égard à la vitesse plus élevée de la pratique sur bitume) : dans les sous-bois, à l’abris du vent et des routes détrempées, vous serez plus « au chaud » que sur la bande cyclable d’une nationale, perdu dans le froid tel un nugget échappé de son sachet dans un congélateur. 

2) Parce que le cyclo-cross est le meilleur moyen de vous entretenir durant l’hiver

Les week-ends hivernaux sont longs, peu ensoleillés et sujets à diverses tentations autant gastronomiques que paresseuses. L’idée d’annuler une sortie sur route au profit d’une après-midi plateau-télé devant Breaking Bad va rapidement vous hanter quand le soleil sera aussi timide que le niveau de panache de Nérokintana. Mais la botte secrète du cyclo-cross, c’est qu’il est ludique ! Allez, posez votre bière Gisèle et en avant pour une séance technique dans des dévers boueux à côté de chez vous. Une heure de cyclo-cross en plein coeur du mois de novembre vous sera toujours plus bénéfique qu’un paquet de Pépito, et votre corps vous dira merci lors des premiers entrainements sur route, à l’aube du printemps. 

3) Parce que le cyclo-cross est une activité au plus près de la nature

Déconnectez-vous et humez les tapis de feuilles en décomposition, surprenez des lièvres et des faisans au détour d’un bosquet, enlevez des branches de chêne coincées dans votre dérailleur, arrachez-vous la moitié du bras avec des ronces, faites une cure de bain de boue gratuite et éclatez-vous le nez en avant dans des crottes de chevreuil : le cyclo-cross est une parenthèse unique qui vous réconcilie avec la nature et vous éloigne, le temps d’un hiver, des gaz d’échappement et des chauffards qui vous frôlent à 90km/h.

4) Parce que le cyclo-cross est une formidable raison d’améliorer sa technique

Sur route, vous êtes raide comme un piquet et manquez d’aller au fossé à chaque fois qu’un nid de poule fait connaissance avec votre roue. Le cyclo-cross vous permettra de revoir les bases et de revenir à la pratique comme elle se faisait en catégories poussins, pupilles et benjamins : un apprentissage aussi bien physique que technique (à prononcer avec l’accent de Didier Deschamps). Les petits virages serrés, l’équilibre, la montée et descente de votre monture, les coups de guidon et le pilotage sont autant de choses qui vous effraient sur route, mais qui vous divertissent en cyclo-cross. Et on le sait tous : on apprend mieux en s’amusant !

5) Parce que Francis Mourey, John Gadret et Steve Chainel, ma gueule

La France n’a pas encore la culture cyclo-cross ni les résultats de ses voisins belges et hollandais. Ou du moins, celle-ci s’est perdue. Cette formidable école de cyclisme en sous-bois est hélas sous-estimée au pays des Droits de l’Homme et d’Alexandre Benalla. Et c’est triste car l’avenir de la route se dessine aussi sur les tapis de feuilles, comme en témoigne le dernier podium des Championnats d’Europe sur route, garni de trois cyclo-crossmen de classe mondiale (Van Aert et Van der Poel, mais aussi Trentin). Alors qu’en France, nos monstres sacrés Chainel et Mourey sont plus proches de la fin que du début de leur carrière, dans le sillage du jeune retraité Gadret (hélas, nos héros des sous-bois ne sont pas éternels), en Belgique, en Angleterre et aux Pays-Bas, les cyclo-crossmen en herbe poussent plus vite que des pissenlits. Des structures professionnelles 100% cyclo-cross pointent bien le bout de leur nez dans l’Hexagone, mais ce n’est pas assez pour inspirer une génération entière de gamins. Et si la base de la pyramide est vide, les places en haut se font rares. Alors, mettez-vous au cyclo-cross et surtout mettez-y vos garnements, car le cyclo-cross est l’avenir de la route !